Connais-tu
l'histoire du casseur de cailloux ?
Le
casseur de cailloux réalise un chemin, son propre chemin, et cela, en cassant
des cailloux chaque jour de sa vie. Ce sont les cailloux eux-mêmes qui se
présentent spontanément à lui (eh oui, c'est ainsi la vie !). Certains sont
très faciles à casser, c'est presque un jeu d'enfant, d'autres sont plus
difficiles et cela lui demande plus de temps. C'est ainsi qu’il façonne le
chemin.
Il lui
est donné parfois des cailloux pointus, des cailloux plus durs...
Certains jours il s'applique et arrive à les casser mais d'autres jours,
attentif à ne pas être vu, il les jette derrière lui.
Les
années passent, le chemin se trace au rythme de son travailleur. Il a, au fil
du temps, acquis la manière pour casser plutôt ceux qui l'intéressent,
ceux qui sont "faits pour lui", dit-il. Les autres ! il les jette
par-dessus son épaule.
Plusieurs
années se sont écoulées, le casseur de cailloux éprouve de la peine à avancer :
la vie lui semble difficile, le travail plus pénible. Il se dit " je
vieillis. C'est normal ! J'avais plus facile quand j'étais jeune !"
Et il
reprend son travail quotidien et jette encore les cailloux plus durs, plus
pointus derrière lui. Arrive un jour où sa progression lui semble quasi
impossible il est au bord de l'épuisement et il s'arrête au bord de la route.
C'est alors qu'il prend le temps de regarder derrière lui et, après avoir
essuyé la sueur et la poussière qui lui masquaient la vue, il se rend compte
qu'il tire derrière lui un grand filet rempli de cailloux. Il réalise que c'est
là que sont tombés tous les cailloux qu’il a rejetés par-dessus son épaule.
Oui, tu sais, les cailloux plus durs, plus gros, plus pointus. Tous ceux-là
qu'il a laissés, pensant les abandonner et ne pas avoir à les façonner, il les
retrouve maintenant dans le filet qu'il traîne péniblement. Il veut alors se
débarrasser de ce fardeau, abandonner ce filet, le confier, l'imposer à
quelqu’un. IMPOSSIBLE, on dirait que ce filet lui colle à la peau, qu'il fait
partie de lui...
Il
enrage : "c'est pas d’ ma faute ! c'est trop injuste ! j'ai pas de
chance !". Après la révolte, c'est la tristesse, le découragement
qui l'habite. Il est quasi désespéré en se disant : " ce n’est pas
possible, je n’arriverai jamais à faire ce chemin, ce chemin de Ma vie."
Après
quelque temps d'abattement, il reprend sa route. C'est alors qu'après s'être
cru seul, abandonné, il perçoit une petite voix à l'intérieur de lui qui lui
demande de s'attacher à son travail, de casser comme il peut chaque caillou
qu'il rencontrera. " Prends ce temps qui t' est donné, prends ce temps-là
pour casser attentivement, précieusement, à ta façon, à ton rythme, chaque
caillou pour en faire ton chemin.
L'homme
reprend son travail quotidien et écoute en lui cette petite voix intérieure. Il
s'applique consciencieusement à casser chacun des cailloux gros ou petit,
arrondi ou pointu, facile ou difficile qui lui est proposé. Il prend maintenant
le temps pour réaliser sa route attentivement presque amoureusement, sachant
respecter son rythme et même s'octroyant des arrêts.
Quelques
temps plus tard, il se rend compte que sa progression est plus facile, son
corps devenu si douloureux lui fait moins mal, il a l'impression que tout cela
est moins pénible. Il se retourne alors et avec étonnement voit que le sac de
cailloux a vraiment diminué de volume ! Étonné et perplexe, il reprend
son travail et alors qu'il casse un gros caillou (une forme qu'il avait déjà
rencontré au préalable), il regarde par-dessus son épaule. Il se rend compte
qu' il se passe quelque chose de peu ordinaire dans le sac ! Çà alors : tous
les cailloux de même forme que ce gros caillou (et qu'auparavant il avait
rejeté derrière lui) se pulvérisent tout seuls. Au fur et à mesure qu'il
casse ce caillou qu'il a entre les mains aujourd'hui, les similaires
s'autodétruisent ! A ce moment, une grande joie entre en lui comme une flamme
vivifiante qui se rallume ! Elle était si vacillante, prête à s'éteindre et la
voici flamboyante, merveilleuse, réchauffante, éclairante !
Il vient
de comprendre le chemin de sa vie : recevoir chaque épreuve, chaque joie,
tout ce qui compose la journée et le façonner à son rythme, avec ses moyens.
Ces
cailloux étaient les siens, ils étaient là pour lui, pour réaliser sa route et,
sa façon de faire est unique.
Maintenant
il sait qu'il est sur son chemin. C'est l’œuvre dans sa vie, c'est sa vie.
S'attachant
à son présent il guérit son passé et prépare son à-venir, son devenir.
PS : ne
façonne pas le chemin des autres : il (elle) n'avancera pas et toi tu te
chargeras
Merci papa pour cette très belle pensée tellement simple et éclairante.
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